Emmanuelle Dufour, «C’est le Québec qui est né dans mon pays!», Écosociété, 29$

Une bande dessinée qui est plus qu’un roman graphique : l’adaptation d’une thèse de doctorat, un questionnement sur soi et une invitation à la rencontre de l’autre, que l’on soit autochtone ou allochtone, dans une longue interrogation qui restera ouverte et où il y aura davantage de questions que de réponses, au nombre des très nombreuses voix qui se font entendre ici. 

Deux proverbes me sont venus à l’esprit en lisant ce livre. Le premier : «On juge une société à la façon dont elle traite ses minorités», et si on considère objectivement le sort des autochtones au Québec, on ne sera pas trop surpris de constater que le jugement d’Emmanuelle Dufour est assez sévère. 

Le second proverbe qui m’est venu à l’esprit, c’est : «L’histoire est écrite par les vainqueurs». Cette fois-ci, on comprendra qu’à travers le titre du livre «C’est le Québec qui est né dans mon pays!», Emmanuelle Dufour nous invite à reconsidérer cette histoire à l’envers de notre passé colonial, en redonnant la parole aux perdants.

Si le livre est parcouru par des sentiments de honte et de mauvaise conscience, il importe de dire que ces sentiments sont transcendés par cette invitation à la rencontre et au dialogue, entre autochtones et allochtones. 

On soulignera, en terminant, la qualité extraordinaire des dessins d’Emmanuelle Dufour, tout en saluant le courage d’Écosociété, cette petite maison d’édition qui mène envers et contre tous, le combat de David contre les Goliath de ce monde. 

 

L’Inconvénient # 86 Automne 2021

 

Il m’importe de signaler la parution de ce dernier numéro de la revue L’Inconvénient, qui compte parmi ses collaborateurs une belle brochette de penseurs et créateurs sous la direction d’Alain Roy; cette revue, quant à moi, renouvelle et dynamise la réflexion et la pensée au Québec. 

La thématique de ce numéro est d’une brûlante actualité. Sous le titre, La purification du genre humain, le numéro aborde toute notre relation à la problématique sécuritaire, sanitaire ou identitaire (notamment à travers la question de la racialité depuis la tristement célèbre affaire Lieutenant-Duval à l’Université d’Ottawa). Un numéro à lire et à réfléchir en cette nouvelle traversée du confinement et qui soulève des questionnements qui ne sont pas sans rappeler les prises de position pamphlétaires du regretté Philippe Muray; L’empire du bien (1991) serait un livre qui accompagnerait judicieusement la lecture de ce numéro de L’Inconvénient.